mercredi 12 février 2014

Le petit nouveau

Je poussai un ouf de soulagement et laissai tomber parterre calepin et crayon. Ce type m'avait flanqué une frousse de tous les diables ! Je ne sais pas par quel tour de passe-passe, il était parti aussi vite qu'il était venu mais j'étais bien contente qu'il ait vidé les lieux.
Avec tout ce bazar j'en avais oublié ma patiente de 11h00 qui venait de sonner à l'interphone. Mon thé était froid et je n'avais qu'une envie,  rentrer chez moi, me faire couler un bain et qu'on me fiche la paix.
Mais bon, mes patients avaient besoin de moi, il fallait tenir jusqu'en milieu d'après-midi et je pourrais mettre les voiles.
J'écoutai donc religieusement les âmes en peine qui vinrent me voir, cela dit, j'eus tout de même beaucoup de mal à me concentrer sur leurs névroses et autres soucis existentiels. J'avais frôlé l'agression c'était sûr et certain ! Je priais le ciel pour que ce type ne remette jamais les pieds dans mon cabinet sinon j'appellerais les flics sur le champ.
A 16h00 pétantes, j'avais de nouveau enfilé mon ciré jaune et partis de nouveau affronter les éléments. Lundi de merde ! ruminais-je intérieurement.
De frustration, je passai chez mon pâtissier préféré pour m'acheter un sucré. Je l'avais bien mérité sachant la trouille que j'avais ressentie. Un bon cheesecake au citron, que du bon pour le moral en dépit des calories que ce morceau de gâteau pouvait receler. A vrai dire je m'en foutais littéralement, j'avais la chance de pouvoir ingurgiter tout ce que je voulais sans jamais prendre un gramme.
Ma copine Suzie me dit toujours que je suis écoeurante comme nana de ce point de vue là. Forcément, dès qu'elle regarde une vitrine avec des pâtisseries, elle prend déjà au moins 1 kg sans avoir mangé une seule bouchée de ces petites merveilles colorées et douces au palais !
Mon appartement se situe à 2km de mon bureau, pas très loin en voiture mais un vrai supplice à parcourir à pied quand il pleut des cordes et que votre voiture est en panne depuis une semaine. Mon garagiste est doué mais jamais pressé de travailler, c'est bien parce-que c'est un ami d'enfance que je ne change pas de crèmerie.
A 17h, je franchis enfin la porte de mon antre que je claquai avec d'un bon coup de pied.
Winston, mon chat, un magnifique chartreux, vînt m'accueillir en se frottant contre mes bottes. Ce matou est une mine de quiétude à lui tout seul, je l'adore même si certains jours, je le maudis de faire des confettis avec le papier peint de ma chambre et de laisser des poils sur mes fringues.
Mon répondeur clignotait, deux messages étaient enregistrés. Un de ma mère qui s'inquiétait sans cesse de mon état de célibataire chronique.
Comment fais-tu à 30 ans pour ne pas encore être casée ma chérie ?! Je ne comprends pas, me serine-t-elle au moins 3 fois par semaine.
L'autre message était de Suzie.
Salut c'est moi ! N'oublie pas que demain soir il y a un colloque sur la maladie d'Alzheimer à l'Université et que tu m'as promis de m'accompagner. Ne me fais pas le coup de me lâcher à la dernière minute sinon je te zigouille ! Bisous ma poulette. A plus tard !
J'adore Suzie, elle est pétillante, toujours de bonne humeur et a un don fabuleux pour m'entraîner à faire des trucs qui me pompent l'air royalement. Alzheimer ! Je ne bosse pas en gériatrie moi !
Bref en bonne célibataire de 30 ans, je pris un bon bain chaud, dînai d'un bol de soupe et de mon cheesecake, et me mis au lit avec un bon bouquin.
La journée avait été éreintante, je m'endormis comme un bébé en tâchant de mettre Sam le fou de côté pour huit bonnes heures de sommeil.

Le mardi était ma journée consacrée aux consultations que je donnais à l'hôpital de Cambridge. J'y retrouvais donc toutes les semaines mon amie Suzie qui travaillait là bas en tant que pédopsychiatre.
Comme toutes les semaines, j'avais droit au résumé des potins hospitaliers, entre les liaisons des uns et des autres, les ruptures et autres nouvelles du même acabit, impossible de s'ennuyer.
 - Dis donc pourquoi tiens-tu tellement à m'embarquer à ce colloque sur la maladie d'Alzheimer ? Ce n'est pas dans ton service que tu vas rencontrer ce genre de pathologie !
 - Tu sais très bien qu'il faut toujours se tenir au courant des dernières découvertes scientifiques !
- A d'autres ! C'est quoi ces conneries ? En dehors de tes cas d'enfants qui font pipi au lit ou en grande difficulté scolaire, et au pire atteints d'une maladie grave, Alzheimer c'est pas ton rayon que je sache !
 - Bon ok je suis grillée. Retournes-toi et regarde au bout du couloir qui arrive vers nous.
- Le grand blond là bas ? C'est qui ? dis-je en haussant les épaules.
- Le nouveau chef de neurologie, un apollon du cerveau, un dieu des neurones, beau à tomber et ... surtout fraîchement célibataire !
- Je comprends mieux le pourquoi du comment du colloque. Quelle chipie tu fais !
- Affiche ton plus beau sourire cocotte, je vais te présenter au docteur, dit-elle en faisant un clin d'oeil.
Le grand blond s'approcha de la machine à café où nous nous trouvions.
Suzie devînt rouge comme une pivoine en s'adressant à lui.
- Bonjour Docteur Clark, pépia-t-elle !
- Ah Docteur Collins, comment allez-vous ?
- Bien merci. Je vous voudrais vous présenter une collègue et amie qui travaille ici, Nora Chester.
 Le blondinet se tourna vers moi pour échanger une poignée de main conventionnelle. Cela dit l'oeil vert et le sourire en coin façon carnassier me laissa plutôt destabilisée.
 - Ravi de vous rencontrer Docteur Chester.
- Ah non pas docteur, simple psychologue. Nous ne jouons pas dans la même cour ! rétorquai-je.
Il éclata de rire.
- Nous avons tous à apprendre des autres spécialités, il ne faut pas être sectaire ! Bon je vous abandonne, j'ai des malades à voir.
Il fit quelques en direction de l'ascenseur et se retourna en ajoutant.
 - On se voit au colloque ce soir. Je vous garde des places ! dit-il en souriant.
Puis il s'engouffra dans la cabine sans attendre notre réponse.
Suzie était littéralement ébahie par son dieu cérébral, moi je restai plutôt dubitative sur l'idée que je devais me faire de ce docteur mamour à la sauce british.

A suivre ...


4 commentaires:

  1. Y a pas de doute, je reconnais bien ta plume, tu es de retour yeah !!

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    1. J'étais pas loin pourtant juste avec un énorme manque d'inspiration et de temps.

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  2. Oui j'adore !!!! Goooo la suite ma poulette ♥

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