lundi 24 février 2014

Toutes les vérités ne sont pas bonnes à entendre ...

Je ne me considérais pas comme une sportive mais avec le sprint que je venais de piquer (malgré le café qui m'avait brûlé les pieds), je venais de pulvériser le record du monde du trouillomètre à zéro ! Nora, tu as la médaille d'or des situations pourries, stressantes, et totalement incroyables. Bravo ma vieille !
Je passai comme une flèche au secrétariat de psycho en demandant à Nancy, la secrétaire, de bien vouloir annuler toutes mes consultations de l'après-midi.
- Mais vous ne pouvez pas faire ça Miss Chester, des patients vous attendent déjà !
- Cas de force majeure Nancy ! Je ne peux pas rester ici une minute de plus, m'écriai-je quasi hystérique.
Reprends-toi Nora, reprends-toi. Tu as beau être psy, tu vas vraiment passer pour une dingue et c'est toi qui vas te retrouver dans l'aile Est de l'hosto avec la belle chemise blanche qui s'attache dans le dos.
Nancy me regarda avec des yeux ronds comme des soucoupes, elle n'était pas habituée à me voir perdre mon flegme.
Je me penchai au dessus de son comptoir pour lui chuchoter à l'oreille :
- Grippe intestinale sévère Nancy, je dois décamper vite fait sinon je ne réponds plus de rien.
- Ah vous m'avez fait peur Miss Chester ! J'ai cru que vous aviez croisé un fantôme dîtes donc, ajouta-t-elle en riant. Aller, filez vous soigner, je vais m'arranger avec vos patients.
- Merci Nancy, vous êtes une perle, lui répondis-je en esquissant un sourire.
Je passai en coup de vent dans mon bureau pour récupérer mes effets personnels, j'enfilai à la hâte mon ciré jaune. Forcément, pour changer un peu, il pleuvait toujours des seaux d'eau dehors.
En franchissant la porte, je manquai de me télescoper dans Suzie.
Elle avait l'air remontée comme un coucou suisse et moi je n'étais pas d'humeur à écouter ses sarcasmes et autres remontrances.
- Ah bien te voilà, tu finis quand même par sortir de ta tanière. Je te cherche depuis des heures !
- Et tu as fini par me trouver. Qu'est-ce que tu veux ? lançai-je exaspérée.
- Oula tout doux ! Ce n'est pas parce-que tu as mis le grappin sur l'un des plus beaux médecins de l'hôpital qu'il te faut croire au-dessus de tout le monde maintenant, grinça-t-elle.
- Pfff ... Bon c'est tout ce que tu voulais ? Me balancer ta jalousie à la figure attendra un autre jour si tu veux bien. Figures-toi que je suis pressée  !
- Tu cours te jeter dans ses bras ? ironisa-t-elle.
- Bien sûr, ça ne se voit pas que je suis comme une chienne en chaleur ?!
Suzie faillit s'étrangler avec sa salive.
- Qu'est-ce qui te prend ? Je ne t'ai jamais vue aussi énervée ! s'étonna-t-elle.
- Il me prend que j'ai la gastro et que si tu ne t'écartes pas de mon chemin tout de suite, je te vomis dessus ! lui aboyai-je après.
Suzie s'écarta du passage comme si j'avais la peste. Je partis donc à grandes enjambées sans me retourner. Je franchis presque les portes vitrées coulissantes de l'hôpital en courant. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas inventer pour pouvoir quitter le boulot en pleine journée sans fournir d'explication à rallonge !
Un coup de chance pour moi, un taxi venait de déposer quelqu'un, j'en profitai pour grimper à bord. Je jetai un coup d'oeil derrière moi et j'aperçus Vince devant l'entrée principale de l'hôpital, les bras ballants, il venait de me louper de peu.
Tant mieux pour moi, je n'avais aucun envie de lui parler, il fallait d'abord que je tente d'analyser ce que j'avais vu.
Je demandai au taxi de me déposer à mon cabinet et non pas à mon appartement. J'avais un mal de crâne épouvantable.
Je pénétrai dans mon bureau et allumai juste une veilleuse histoire de voir suffisamment clair pour faire un mélange d'huiles essentielles de menthe et de lavande. Je branchai le diffuseur et m'affalai sur le divan en espérant que mon mal de tête allait vite passer.
- Alors Miss Chester, pas de déhanché du tonnerre aujourd'hui ?!
Je sursautai sur le canapé.
- Sam, vous arrive-t-il de vous annoncer de temps à autre ?
- Rarement, avoua-t-il. J'adore surprendre les personnes auxquelles je rends visite.
- Je vois, marmonnai-je.
Il était installé sur le fauteuil que j'occupais habituellement lors de mes séances de travail. Les jambes croisées, il attendit patiemment que je décroche une parole.
- Bon alors vous allez me dire ce qui vous arrive ou je dois vous passer au détecteur de mensonge Miss Chester ?
- Il ne m'arrive rien du tout. J'ai seulement une migraine carabinée.
- Mais bien sûr, et la marmotte plie le choco dans le papier alu ! Crachez la votre valda, je n'ai pas toute l'éternité à vous accorder.
- Vous savez que vous feriez un piètre thérapeute vous n'avez aucune patience !
- Mais si j'en ai tout plein ... quand je veux ! Sauf que là, visiblement ça urge, vous êtes blanche comme un lavabo, à croire que vous avez frôlé la crise cardiaque. Et comme ce n'est pas dû à moi ... enfin pas cette fois, j'en déduis que c'est à cause de l'autre albinos. Pas vrai ?!
- Gagné, vous avez le droit de revenir en deuxième semaine !
- Alors il a fait quoi pour vous mettre dans cet état le brillant docteur Clark ? insista-t-il.
- Je l'ai vu faire des trucs bizarres avec un patient, chuchotai-je.
- Mais encore ?
Il voulait vraiment me faire cracher le morceau jusqu'au bout !
- Ok ! Je l'ai entendu réciter des trucs bizarres dans une langue que je ne connais même pas et faire des signes cabalistiques ! Manquait plus que les épingles et on se serait cru dans un rite vaudou.
- Je comprends mieux l'état de choc. Je ne pensais pas que ça vous affecterait autant, mais si je vous l'avais dit, vous ne m'auriez pas cru. Il vous faut la preuve par l'exemple à vous !
Sam effleura mes cheveux du bout des doigts. Quelle familiarité je rêve !
Je grognai. Il remballa donc sa main et croisa les bras, j'entendis sa veste de cuir craquer. Il réprima un rire.
- Et maintenant que je suis morte de trouille, je suis censée faire quoi ?!
- Fuir c'est déjà fait visiblement. Lui parler pour en apprendre davantage ?
- Ca va pas non, vous êtes barge ! Je n'ai rien à lui dire.
- D'après vous, quelle est la nature de Vince ? dit-il gentiment.
- Sorcier ou un truc dans le genre !
- Bonne déduction Watson ! éclata-t-il de rire.
- Je ne pensais même pas que ça existait en vrai, soupirai-je.
Je sentis que Sam s'approchait de ma tête, je percevais son souffle près de mon oreille.
- Alors maintenant, avez-vous aussi une idée de ma nature, Nora ? murmura-t-il.
- Vous êtes quelqu'un de pas très catholique ! m'esclaffai-je.
- Poursuivez ...
Je sentais qu'il était tout à fait sérieux.
- Je n'en sais fichtre rien !
Je tentais de m'en sortir par une pirouette mais lui comme moi, savions que je tournais autour du pot.
- Nora ???
- Vous un ange déchu ?! Pfff je n'y crois absolument pas !
- Pourtant vous devriez ma beauté ...
Rhooo mais il commençait à prendre ses aises en plus, quel casse-pieds !
- Franchement vous n'avez pas la tête d'un type qui a été viré du paradis par Dieu pour aller en enfer servir le grand gars à la queue fourchue qui passe son temps dans la braise rougeoyante.
- Quelle vision manichéenne des choses ! Nous en reparlons plus tard, vous n'êtes pas apte à tout encaisser aujourd'hui de toute manière.
- C'est cela, traitez-moi de faible femme pendant que vous y êtes !
- Je ne me permettrais pas, gloussa-t-il.
Je poussai un énorme soupir.
La chaine hifi se mit en route toute seule alors qu'elle n'était même pas branchée.
Un courant d'air avait remplacé Sam.

A suivre ...

2 commentaires:

  1. Il est toujours là où on ne l'attend pas le Sam.... visiblement il a un message à faire passer.... j'attends la suite.......

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  2. oui et le message ne va pas rester subliminal longtemps ! héhé !

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