vendredi 28 février 2014

Chaud devant ...

Le tenir éloigné, le tenir éloigné, il en avait de bonnes lui ! Comme si Vince ne savait pas que Sam jouait les passe-murailles quand l'envie lui en prenait.
Le Dr Vince Mamour m'avait abandonnée sur ses révélations fracassantes comme ça sur mon canapé avec encore toute une foule de questions. L'hôpital l'avait bipé d'urgence pour intervenir sur un malade avec une rupture d'anévrisme. La poisse !
Il était parti en trombe sans m'en dire plus, mais je n'en avais pas fini avec lui loin de là.
Winston vint se pelotonner sur mes genoux.
- Et toi mon vieux, tu en penses quoi de tout ça ? dis-je tout en caressant son pelage gris.
Pour toute réponse, Win souleva les paupières et les referma aussitôt. J'adorais son soutien moral pffff ...
- Si vous voulez mon avis, le blondinet a encore semé le trouble dans votre jolie tête !
Il me suffit de tourner les yeux pour voir Sam confortablement installé dans mon fauteuil préféré.
- Ah non pas question ! Vous vous pointez déjà à mon bureau comme dans un moulin, et maintenant c'est dans mon appart. Dites donc Houdini, on ne vous a jamais imposé de limites quand vous étiez petit ?
Sam fit mine de réfléchir.
- Peut-être mais c'est beaucoup trop loin pour que je m'en souvienne, dit-il en arborant un sourire carnassier. Il vous reste du thé ?
- Ah parce qu'en plus vous comptez vous incruster pour faire la causette ? m'insurgeai-je.
- Évidemment tiens ! Je ne vais pas laisser le sorcier me tailler un costard sans rétablir la vérité.
J'observai Sam et tentai de l'imaginer en costume. il aurait pu être vraiment séduisant mise à part cette tignasse d'indien. Il faudrait vraiment remédier à ce problème, franchement ça gâche son visage dont les traits sont fins et réguliers. Eh là Nora, tu t'égares ma vieille, redescends sur Terre tu veux, y'a un dingue dans ton salon !
- Cela n'aurait pas pu attendre demain ? hasardai-je.
- Certainement pas ! Il vous a fait son numéro de charme sous la pluie, j'espère que vous n'avez pas été dupe Miss Chester. Moi aussi je sais le faire d'arrêter la pluie dehors ! Rien de plus facile.
- En plus vous nous observiez ?! m'énervai-je.
- Vous ne pensiez tout de même pas que j'allais vous laisser toute seule sans surveillance avec l'autre mage noir ! J'ai adoré le moment où vous l'avez traité de Merlin de pacotille, c'était bien envoyé, ricana-t-il en se tapant la cuisse. Vous avez un humour féroce Nora Chester !!
Mon mal de crâne avait repris de plus belle, ce n'était vraiment pas mon jour ...
- Attendez moi là, je vais refaire du thé et me chercher deux cachets d'ibuprofène. Vous me filez la migraine tous les deux.
Je déposai Winston sur le canapé et me levai pour aller à la cuisine. Au passage Sam me détailla de la tête aux pieds. Il devait sûrement imaginer par quel bout il allait me faire rôtir en enfer !
Lorsque je revins quelques minutes plus tard, les places de Sam et Win avaient été permutées. Si bien que le grand brun était confortablement enfoncé dans les coussins de mon canapé, le bras reposant sur le dossier. S'il croyait que je ne le voyais pas venir avec ses gros sabots celui-là !
Je lui tendis un mug et m'installai à mon tour. Sam avait tendance à envahir l'espace avec ses grands bras et ses grandes jambes, ça faisait un peu kraken sur les bords. Son parfum aux effluves de vétiver s'était répandu dans tout le salon.
- Vous savez qu'il y a un autre moyen que l'ibuprofène ou les huiles essentielles pour passer la migraine ? dit-il avec une lueur malicieuse dans le regard.
- Ah bon ? Lequel ? L'acupuncture ?!
- Miss Chester, ça se voit que vous êtes célibataire depuis trop longtemps, soupira-t-il en se penchant vers moi.
Tout à coup la lumière se fit dans mon cerveau, et je rougis comme une pivoine.
Un câlin ?! Avec ce poulpe aux longs cheveux ?! Ca va pas non !!!!!
- Si vous vous proposez pour m'administrer votre remède, je vous garantis que vous allez vous retrouver propulsé de ce canapé en moins de deux ! grondai-je le nez dans ma tasse.
- Bon bon, je n'insiste pas, vous y viendrez de vous même de toute façon, dit-il avec un clin d'oeil.
Ce type me filait des suées, vivement qu'il prenne la poudre d'escampette !
Alors que vous a dit le blondinet à mon sujet ?
- De vous fuir comme la peste !
Sam rit de bon coeur.
- Rien d'étonnant, il fait comme d'habitude, il me dénigre pour obtenir les faveurs des jolies filles à ma place. Qu'a-t-il dit d'autre ?
- Que vous vouliez me faire signer un contrat avec l'autre grand fourchu braisé et que grâce à moi, vous pourriez redevenir humain si je tombais dans vos filets.
- Ruse classique, l'intimidation ! Le blondinet aime jouer sur la corde sensible. Mais est-ce qu'il vous a dit qu'il pratiquait la magie noire pour tenter par tous les moyens de faire revenir sa bien-aimée d'entre les morts ?! Vous a-t-il précisé que pour cela il a besoin du sang bien particulier d'une femme vivante qui l'aimerait en retour ?
La mâchoire m'en tomba. Celle-là je ne l'avais pas vue venir !
- Nora ma beauté, vous êtes terriblement naïve en matière de créatures célestes et obscures. Il va falloir combler vos lacunes sinon vous allez vous faire embobiner par le premier gars à l'allure angélique qui présente bien.
- Sam, seriez-vous en train de me dire que vous êtes le gentil et lui le méchant ?
Il s'approcha beaucoup trop près de moi, ses yeux noirs avaient quelque chose d'hypnotique.
- Je dis simplement que vous devriez éviter de tomber toute cuite dans ses bras, vous pourriez ne pas vous en relever, susurra-t-il à mon oreille.
- Moralité, je dois me méfier de vous deux !
- Ce serait salutaire pour vous mais je crois que nous serons tout de même appelés à nous côtoyer. Très étroitement, ... vous ... et ... moi.
Il me lança un regard à faire fondre un iceberg et s'éclipsa.

A suivre ...

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