mardi 25 mars 2014

Révélations (2)

Je sortis de la salle de bain dans un état plus que second. Le vétiver m'avait complètement shootée à moins que ce ne soit le massage de Sam qui m'ait carrément mis la tête à l'envers. Toujours est-il que j'étais plongée dans le flou artistique le plus total. J'avais à la fois trop et pas assez d'éléments en ma possession. Je décidai de reprendre le carnet depuis le début, pas une ligne n'échappa à mon analyse. Même en essayant de lire entre les lignes, je ne voyais pas où les choses clochaient. Je m'étais convaincue que l'élément clé résidait dans la page qui avait été arrachée. J'aurais dû soutirer cette feuille à Van Helsing, qui d'autre pouvait l'avoir à part lui de toute façon ?
Winston vint réclamer son dû en monnaie de croquettes, je l'avais complètement oublié le pauvre. Mes pensées étaient tournées quatre siècles plus tôt et malgré moi, vers les mains expertes de Sam. Si Vince avait été dans le coin, il lui aurait volé dans les plumes. Je me morigénai moi-même tellement je me trouvais stupide de l'avoir laissé faire. Tout mon bon sens disparaissait face à ce type.
Je fus sortie de ma rêverie par la sonnette de la porte d'entrée. Je n'attendais personne.
Quand je vins ouvrir c'est ma mère que j'eus en face de moi. Toujours tirée à quatre épingles, celle-ci était mon complet opposé, à se demander si on venait vraiment de la même famille. Mrs Margaret Chester était l'archétype même de la mère moralisatrice et qui n'aimait absolument pas être dérangée par sa progéniture. Heureusement qu'elle n'avait eu que moi et que j'avais été une enfant relativement sage d'après ses dires. Mon enfance ne m'avait laissée que des souvenirs assez vagues de toute façon.
- Bonjour ma chérie !
- Bonjour m'man !
Elle m'étudia quelques secondes dans l'entrée.
- Tu as une petite mine, tu travailles trop j'en suis certaine. Tu devrais laisser tes dépressifs pour sortir t'aérer un peu plus.
- Je voudrais bien mais je n'en ai pas toujours le temps, éludai-je.
Nous allâmes nous installer sur le canapé.
- Tu veux boire quelque chose ?
- Oui un thé s'il te plait.
Je revins de la cuisine avec deux tasses fumantes et une assiette de biscuits.
- Tu ne m'avais pas dit que tu allais passer, dis-je ne m'asseyant près d'elle.
- Je me suis décidée au dernier moment en revenant de la Messe.
Ah oui, j'avais oublié de préciser qu'elle était une vraie grenouille de bénitier, chose qui m'exaspérait à un point pas possible. A croire que je lui en voulais d'avoir foi en quelqu'un d'impalpable et pour lequel tant de sang continuait à couler au nom de la religion.
- Alors où en es-tu de tes recherches généalogiques ? m'interrogea-t-elle.
- Oula c'est plus complexe que je ne l'imaginais au départ.
- Mais encore ?
- Eh bien je dispose de certains éléments mais les circonstances de la mort de cette Nora Elizabeth Chester sont plutôt floues. On l'a accusée de sorcellerie mais elle était visiblement innocente et a surtout fait les frais de la jalousie d'une personne mal intentionnée. Sauf que j'ignore de qui il s'agit.
Margaret hocha la tête et but une gorgée de thé.
- Et tu n'as aucun autre élément ?
- J'ai pu avoir entre les mains son journal intime mais une page manque et visiblement c'était la plus importante du carnet.
- Ce n'est sûrement pas un hasard.
- Je suis du même avis que toi, dis-je en plongeant le nez dans ma tasse.
- Et bien je te souhaite que tes recherches avancent. Au fait et dans ta quête du fiancé idéal, tu avances aussi ?
Et voilà on y était, la sempiternelle question qui m'agaçait autant que la messe !
Pour une fois, j'allais lui donner du grain à moudre.
- Et bien j'ai rencontré deux hommes la semaine dernière ! Un blond charmant et un brun super sexy.
Margaret Chester recracha son thé tant elle ne s'attendait pas à une telle réponse.
- Et tu comptes les revoir ?
Je fis mine de réfléchir.
- Je pense que oui.
- Voilà qui est bien mais tu devrais vite en éliminer un des deux rapidement sinon tu risques d'avoir de gros problèmes.
- J'aime bien avoir l'embarras du choix, ironisai-je.
- Tu as 30 ans je te le rappelle et je voudrais bien avoir des petits enfants.
- Mais oui maman, ça viendra bien un jour ! Ta descendance sera assurée ne t'en fais pas.
Tout à coup je marquai un temps d'arrêt. Mes neurones firent connexion.
Je me précipitai sur le carnet qui était resté dans ma chambre en plantant ma mère dans le salon. Une partie du problème résidait en effet dans la toute première ligne et j'étais passée à côté depuis le début. Nora Elizabeth avait bien écrit noir sur blanc "je n'ai ni mari, ni enfant" ...
Si elle n'avait pas eu d'enfant comment se pouvait-il que je sois sa descendante ?! Pas d'enfant, pas de descendant, rien de plus logique. Donc qui étais-je par rapport à elle ?
Mon cerveau fonctionnait à la vitesse de la lumière. Me revint en mémoire la phrase que Sam avait prononcé dans le restaurant avant que je ne tombe dans les pommes. Nous parlions de Van Helsing et il avait dit "nous ne le laisserons pas vous faire de mal cette fois". Ce qui sous-entendait qu'il m'en avait déjà fait avant.
Oula oula oulala ! Et si je repensais aux petites phrases sibyllines de Vince sur la mémoire, les comparaisons avec une amnésique qui doit rechercher les pièces du puzzle d'après Sam.
Mais ils se sont bien foutus de ma tronche ces deux-là !!
JE SUIS NORA ELIZABETH !!!!
Et si je suis cette fille brûlée vive sur un bûcher, ce qui en soit n'a aucun sens, qui est donc la femme qui prétend être ma mère et qui boit le thé dans mon salon ???

A suivre ...

4 commentaires:

  1. Une nouvelle intrigue arrive...lol

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  2. le mystère s'épaissit ...
    à suivre lolll
    Naïs

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  3. Bon et bien quand on croit avoir une idée, on repart à zéro !!

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  4. On dirait que je vous ai bien eu les filles ! Et vous n'êtes pas au bout de vos surprises ! ;-)

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