samedi 29 mars 2014

Révélations (3)

Dommage que je n'avais pas demandé à Vince de réparer les dégâts de l'appartement avant qu'il ne s'éclipse. Pour lui c'était facile, il claquait des doigts et tout était remis en ordre comme par enchantement.
Sam refusa que je le conduise à l'hôpital pour ses côtes cassées et son arcade, il m'assura que d'ici 24h plus rien n'y paraîtrait. J'étais sceptique mais n'insistai pas.
Du coup, je décidai de ranger au mieux le salon pendant qu'il se reposait sur mon lit un moment. J'en profitai aussi pour préparer quelque chose à grignoter. Un peu de rôti froid et une salade composée feraient bien l'affaire. Moi qui ne buvais jamais habituellement, je me servis un remontant bien tassé. Un de mes profs de fac disait toujours qu'un verre de rhum tuait les microbes et les soucis au moins pour 24h ! Je vérifiai donc sa théorie. C'était bon ce machin mais je savais que ça finirait pas m'arracher les boyaux tôt ou tard ! A vrai dire je m'en fichais comme d'une guigne, ma vie n'avait plus aucun sens de toute manière. Plus de mère, plus de souvenirs, un boulot d'ange dont je ne me rappelais absolument rien, un fiancé meurtri à cause de moi et un déchu sexy dans mon lit qui attendait de remettre le couvert depuis 400 ans ! Tout cela représentait un trop lourd fardeau pour une seule psy moi je vous le dis !
L'alcool aidant et comme à chaque fois que je pétais une durite, je mis la musique à fond dans le salon et commençai à m'agiter dans tous les sens pour me défouler. Il devait bien y avoir une réponse à tous mes problèmes, même la chanson sur laquelle je me déhanchais le disait "There's an answer".
Je sautais de partout, jouais au foot avec les coussins du canapé, de toute façon, il y avait déjà tellement de bazar ici qu'un peu de plus ou un peu moins n'aurait rien changé du tout. Les larmes me montèrent aux yeux et vinrent déborder, je me faisais l'effet d'une bête de foire. Tout le monde savait ce qui m'était arrivée, sauf moi ! J'avais envie de tous leur tordre le cou. J'avais honte du comportement que j'étais censée avoir eu en 1680, me fiancer avec un sorcier et coucher avec un déchu, il fallait être rudement gonflée. Pauvre Vince, j'avais été monstrueuse avec lui, comment pouvait-il continuer à m'aimer pour autant ? Je ne comprenais pas.
Je n'avais pas entendu Sam s'approcher de moi, je ne me rendis compte de sa présence que lorsqu'il ceintura ma taille avec ses deux grands bras puissants.
- Alors ma beauté, on commence les festivités sans moi ?
Sam me fit pivoter de façon à ce que je me retrouve face à lui. Il se rendit alors compte aux grandes coulures de mascara que j'étais plus proche du bal des vampires que de fêter nos retrouvailles. Il souleva mon menton de son index pour m'obliger à le regarder. Il comprit alors dans quelle détresse je me trouvais lorsque je me blottis contre ses côtes cassées et que je me mis à déverser un torrent de larmes au moins aussi puissant que les chutes du Niagara !
La psy qui craquait mais c'était le monde à l'envers ! Cela dit les psy sont des humains comme les autres enfin c'est que disait mon prof de fac ... Le problème c'est que je n'étais même plus humaine, j'étais un ange. Et est-ce que les anges étaient habilités à faire des dépressions nerveuses ?! Je n'en savais fichtrement rien !
-
Nora, vas-tu me dire pourquoi mon T-shirt est actuellement en train de te servir de kleenex ?! dit-il gentiment en me caressant les cheveux.
- Je ne sais même plus qui je suis, répondis-je tout en reniflant contre lui.
- Mmm je vois ... Bon, je vais tâcher d'éclairer un peu plus ta lanterne sur quelques zones d'ombre, peut-être que ça t'aidera.
Sam s'installa avec précautions dans le canapé éventré, il grimaça avec ses côtes qui le rappelaient à l'ordre. Il tapota le coussin afin que je vienne m'asseoir et me caler contre lui.
- As-tu deviné pourquoi je m'étais absenté de longues semaines après que tu sois tombée malade pendant l'hiver 1680 ?
- Non, mon journal ne mentionne rien à ce sujet de toute façon.
- Et bien, j'avais été convoqué par le Conseil des Cinq pour rendre des comptes sur mon activité auprès de toi.
- Comment ça se fait ? Je croyais que tu bossais pour le grand cornu !
- Ma beauté, il faut vraiment tout t'expliquer. Je n'étais pas un déchu au moment où je t'ai connue en 1679.
J'ouvris de grands yeux ronds.
- J'étais ton ange gardien ma jolie. Et quand les hautes autorités se rendent compte qu'un gardien se rapproche un peu trop de l'humaine sur laquelle il est censé veiller, il y a un rappel à l'ordre et éloignement temporaire.
- Tu étais mon ange gardien ?! J'hallucine, toi un gardien ?! Mais avec ta dégaine de bad boy, je n'aurais jamais cru que tu travaillais pour ... pour .... Dieu !
C'est criminel d'envoyer pareille tentation sur Terre !
- Je pourrais te retourner le compliment ! C'était criminel de me regarder avec tes yeux de biche innocente et aaaaaaaaaahhhhhhhhhhh ... tu m'as fait perdre tout professionnalisme !
- Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre !
- Bah quoi ?! C'est vrai tu m'as mis dans un tel état que j'ai laissé en plan tous les autres humains à qui je devais assistance. Bref, le Big Boss et les cinq n'ont pas du tout apprécié, ils m'ont fait la leçon et bourrage de crâne en passant par la mauvaise conscience. J'avais été prévenu que si je t'approchais à nouveau, j'aurais de gros ennuis. Mais je n'ai pas pu résister bien longtemps, il fallait absolument que je te revois au moins une fois. Sauf que je n'ai pas pu me résoudre à te laisser vivre ta vie avec Vince. J'ai été très égoïste et je l'ai payé chèrement ensuite.
Sam se tût quelques instants. J'étais suspendue à ses lèvres, attendant impatiemment qu'il me raconte la suite.
-La nuit que nous avons passé ensemble a été la plus merveilleuse de toute mon existence et Dieu sait si je ne suis pas de la première jeunesse !
- Tu as quel âge d'ailleurs ?
- Plusieurs siècles et beaucoup de poussières ! Hum !
Je ne pus réprimer un éclat de rire.
- Bref, notre ami Van Helsing travaillait déjà comme informateur pour l'ange Métatron, le plus influent du Conseil des Cinq, qui en échange de ses bons et loyaux services, lui avait promis l'immortalité.
- Le Méta quoi ?
- Métatron ! Tu n'as pas encore lu Anges et Démons pour les Nuls, je devrais te botter les fesses pour ne pas avoir fait tes devoirs correctement ! Je te reparlerai de lui plus tard.
Durant la fameuse nuit que nous avons passé ensemble, Vince nous a surpris. De rage et de désespoir, il est allé nous dénoncer à Van Helsing. Il savait ce que j'encourais comme risque et il savait également que tu périrais si tu étais accusée de sorcellerie. Il préférait te savoir morte que d'être entre mes mains, tout ce qui lui importait c'était de me détruire. En échange de sa dénonciation, Van Helsing lui assura qu'il intercèderait en ta faveur et que tu pourrais revenir d'entre les morts d'une manière ou d'une autre.
- Si je suis devenue un ange c'est grâce à Van Helsing et à Vince ??
- Il faudrait plutôt dire merci au Métatron et à sa clique en ce qui te concerne.
Quant à moi, on m'a passé les menottes célestes et obligé à assister à ton exécution. J'ignorais qu'on te donnerait l'immortalité par la suite. Je suis passé en jugement devant le Big Boss et le Conseil, tous ont décidé de m'arracher les ailes. C'est donc à partir de ce moment que je suis devenu un déchu. Mais je ne travaille pas essentiellement pour le grand cornu comme tu l'appelles, disons plutôt que je suis en free lance maintenant !
Mon sort est donc scellé mais le tien est encore à déterminer. Imagines-toi bien que si le Conseil apprend qu'un de ses anges, Toi, fricote avec un déchu, Moi, ce qui représente une circonstance aggravante aux vues des évènements passés, tu vas entendre parler du pays. Et tu pourrais finir dans les limbes !
- Sam ?
- Oui ma beauté ?
- Est-ce que je suis dans une panade monstre ?! déglutis-je péniblement.
- Je crains que oui !

A suivre ...









1 commentaire:

  1. Bon et bien....je me demande comment tout ça se terminera..... Je ne connaissais pas la chanson...

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