vendredi 14 mars 2014

Un indice tombé du ciel

Winston vint à ma rencontre. J'étais toujours assise parterre dans le couloir. Il miaula d'un air de dire "Eh ma vieille lève tes fesses de là, va me faire ma gamelle ! J'ai faim !"Je m'exécutai donc pour aller lui servir ses croquettes.
Je repensais à Sam, non mais quel toupet celui-là. Comme s'il était irrésistible en plus !
J'admets qu'il avait l'air super bien fichu sous ses fringues mais, delà à lui sauter dans les bras sans réfléchir, il y avait une marge ... bon, étroite la marge...mais quand même !
Sur ce, je décidai d'aller prendre une bonne douche pour me rafraîchir les idées.
Il fallait que je fasse du tri dans les dernières infos que les deux loustics venaient de me livrer sans le vouloir. Donc si j'avais bien tout compris, Sam et Vince étaient déjà aux côtés de Nora Elizabeth en 1680. Ce qui impliquait que Vince avait sans doute fricoté avec mon ancêtre (ah non berk berk, il s'était déjà tapé mon aïeule et il osait me courir après !) pour qu'on l'accuse de pratiquer la sorcellerie. La question étant : la pratiquait-elle elle aussi ? Et quel était le rôle de Sam dans tout ça ? Qu'avait-il donc bien pu louper à cette époque pour que Vince lui en veuille autant ? Rhooo tout cela n'avait pas de sens, il restait beaucoup trop de zones d'ombres. Mais mon rêve avait été clair sur un point, ils étaient bien là tous les deux au 17e siècle à regarder la pauvre fille en train de rôtir dans les flammes.
L'eau chaude réchauffait mes muscles endoloris par toute cette journée mouvementée lorsque je perçus le bruit de la sonnette de la porte d'entrée. Qui pouvait venir me casser les pieds maintenant ? Je fis semblant de ne pas avoir entendu mais visiblement mon visiteur n'avait pas l'intention de décamper. Je sortis donc toute dégoulinante de la douche et vins ouvrir enroulée dans une serviette de toilette. Mes cheveux gouttaient dans mon dos et j'avais horreur de ça. Le motif de cette insistance avaient intérêt à être sérieux, j'étais d'une humeur de bouledogue.
Je déverrouillai la porte sans ménagement et ouvris à toute volée. Ainsi je me retrouvai nez à nez avec Suzie. Elle vit tout de suite que j'avais une folle envie de lui sauter dans les bras, je cachai ma joie de la trouver là sur mon palier.
- Oh je tombe mal, dit-elle.
- Comme tu t'en doutes oui, répondis-je avec mon air aimable.
- Pas grave, je n'en aurai pas pour longtemps. Tu me laisses entrer ?
Pas la peine qu'elle demande, elle m'avait déjà bousculé pour se frayer un passage dans le couloir. J'avais envie de lui balancer des tartes tellement elle m'agaçait alors qu'elle n'avait prononcé que deux phrases.
Madame alla s'installer directement sur mon canapé. Winston lui cracha après parce-qu'elle l'avait houspillé afin d'installer son séant au galbe parfait à sa place. Il partit calmer ses nerfs dans la chambre. Quelle peste !
- Alors que me vaut l'honneur de ta visite ?
- Ta gastro va mieux ? s'enquit-elle.
Ah oui je l'avais oublié la grippe intestinale. Aller, Nora improvise ma vieille, te laisse pas faire, écrabouille-la.
- Encore quelques crampes d'estomac mais oui ça va mieux.
- On ne dirait pas, tu as un teint abominable ma chère, aussi verte qu'une olive !
Tu vas voir mon pied au derrière s'il est aussi vert qu'une olive quand je t'aurais éjectée de MON canapé !
- J'ai toujours adoré ton sens de la diplomatie Suzie. Bon trêve de plaisanterie, qu'est-ce qui t'amène ici ?
J'attendais impatiemment qu'elle dégage. J'étais restée debout les bras croisés pour ne pas lui donner envie de s'incruster, si elle n'avait pas compris, elle était vraiment blonde ou elle le faisait exprès !
- Je viens prendre de tes nouvelles voyons !
- Oh ! A d'autres Suzie, tu es morte de jalousie depuis le début de la semaine, j'ai très bien compris que tu m'avais rayé de suite de la liste de tes amis. Alors je répète que veux-tu en dehors de venir me soutirer des potins ?
- Mais que vas-tu chercher ? Bien sûr que nous sommes toujours copines voyons, dit-elle mielleuse.
Je soulevai un sourcil d'un air dubitatif.
- La vérité Suzie ! grognai-je.
Elle me toisa, puis battit des cils avant de me balancer encore une gentillesse.
- Visiblement, tu es d'une humeur de chien, je savais bien que Vince te larguerait au bout d'une nuit. Tu sais ce que j'ai lu dans Cosmo ? Que le célibat prolongé est un facteur de démence sénile. Nora je crois que tu es cuite, tu devrais penser à te réserver une place en gériatrie. Je vais m'occuper du beau docteur Clark à ta place !
- Si c'est pour être désagréable, mon répondeur est à ta disposition, ce n'était pas la peine de te déplacer, répondis-je pincée.
- Bien sûr que si, je voulais voir ta mine déconfite et j'avoue que je suis satisfaite. Et puis je voulais t'apporter ça.
Elle sortit de son sac à main un petit paquet rectangulaire de la taille d'un livre de poche emballé dans du papier kraft et me le tendit.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Aucune idée, dit-elle en se passant la main dans les cheveux. Un quarantenaire ultra sexy a déposé ça pour toi à l'accueil de l'hôpital, et comme j'étais là pour réceptionner le paquet, je me suis dit que j'allais passer te l'apporter directement.
Tu ne l'ouvres pas ?
- Euh ... si, marmonnai-je surprise par ce mystérieux paquet.
Je défis l'emballage avec précaution et tombai sur un carnet relié de cuir marron. A l'intérieur, du papier très vieux, une écriture fine, féminine.
Un mot accompagnait le tout.
"Autant aller chercher les informations à la source. Bonne lecture Miss Chester.
GVH."

Ah non encore celui-là ! Il n'allait donc pas me lâcher le Van Helsing. Je sentais que ce carnet allait m'apporter plus de problèmes qu'autre chose, mais ma curiosité me poussait à vouloir mettre Suzie à la porte pour me précipiter dans ma lecture.
- Alors que t'a-t-il fait parvenir ? Tu le connais au fait ce mec aux cheveux gris ?
- Rien qui ne te concerne. C'est un de mes patients.
Elle parut déçue. Suzie allait ajouter autre chose mais je l'interrompis sans ménagement.
- Bon et bien merci d'être passée pour m'apporter ce paquet, je ne te retiens pas.
- Tu me mets déjà à la porte alors que je viens à peine d'arriver. Tu pourrais au moins m'offrir quelque chose à boire ! s'exclama-t-elle.
- C'est à dire que là j'étais occupée comme tu peux le voir ...
- Oui nous étions très occupés ! dit une voix masculine.
En un quart de seconde je me retournai et vis Vince s'avancer tout mouillé comme s'il venait de prendre une douche lui aussi. Juste une serviette autour des reins, il m'adressa un clin d'oeil.
- Salut Suzie ! lança-t-il gentiment.
Il s'approcha de moi, mit son bras autour de mes épaules et déposa un baiser sur ma tempe.
- Salut, répondit vaguement Suzie.
Elle avait la mâchoire presque décrochée tant elle semblait stupéfaite de le voir ici et dans cette tenue qui ne laissait aucun doute sur ce que vous venions de faire dans la salle de bain. J'étais tout aussi ahurie qu'elle mais je tentais de me donner une contenance.
Mais qu'est-ce qu'il venait foutre là lui ?! Je l'avais pourtant viré en même temps que Sam tout à l'heure. Habillé en plus mais là ... il n'avait plus grand chose sur le dos.
Je me mordis les lèvres.
Oh punaise ce bras autour de mes épaules et sa dégaine me rendaient complètement déboussolée ! Bon sang Nora reprends-toi !Suzie se leva du canapé comme un automate, je voyais bien sur son visage qu'elle avait l'air dépitée mais je m'en fichais royalement. Au moins, cela avait le mérite de la faire partir de chez moi en deux temps, trois mouvements !
Elle me toisa, puis jeta un regard plein d'envie à Vince enroulé dans sa serviette jaune.
- Bon et bien je vous laisse, dit-elle sèchement.
Elle ramassa son manteau, son sac et ficha le camp en claquant la porte d'entrée. On aurait dit une véritable walkyrie.
Vince éclata de rire. Pour ma part, j'étais tellement sonnée que je n'avais pas le réflexe de me marrer comme lui.
- Mais qu'est-ce que vous fichez là en ... en ... à moitié à poil dans mon salon ?!
- Il fallait bien vous dépêtrer de Suzie. J'étais revenu pour discuter un peu avec vous, je savais que Sam ne resterait pas bien longtemps. Quand je me suis matérialisé dans la cuisine, j'ai entendu que l'autre pot de colle était là alors j'ai voulu vous tirer d'affaire.
Vous êtes fâché de ma petite blague ? dit-il soudain inquiet.
- Disons que je ne m'y attendais pas du tout mais à y réfléchir, c'est bien fait pour la gueule de Suzie. Quand j'y repense, me dire que je suis bonne pour la démence sénile à cause de mon célibat, faut être gonflée !
- Elle n'a pas tort, ça a été prouvé scientifiquement, j'ai déjà lu un article sur ce sujet dans une très sérieuse revue de neurologie.
Je lui jetai un regard noir.
- Ne le prenez pas mal Nora. Bon j'admets qu'elle aurait pu se passer du service de gériatrie, ce n'était pas très fin de sa part. Et puis honnêtement, vous êtes beaucoup trop belle pour rester célibataire encore longtemps !
- Serait-ce un appel du pied ? Vous posez votre candidature ?! ironisai-je.
Vince fit semblant de réfléchir quelques secondes puis afficha un sourire en coin.
- Évidemment ! Quelle question !
Je me sentis rougir de la tête aux pieds et difficile de la cacher dans une tenue aussi minimaliste que la mienne. Cela dit, je décidai de le mettre un peu sur le grill.
- Et bien, il faudra prendre un ticket et attendre votre tour parce-que Sam est déjà sur les rangs !
Je m'attendais à ce qu'il pique une crise mais non même pas. Quelle suffisance dans son expression en plus !
- Pfff l'autre déplumé là ?! Il ne m'arrive même pas à la cheville, je suis sûr de le battre sur ce terrain.
- Je vous trouve bien présomptueux Vince, dis-je en appuyant mon index sur son torse.
- Vous n'allez quand même pas me faire croire que ce déchu pourrait vous plaire ?
Oula ça sentait le défi à plein nez ...
- Et pourquoi pas ?! Vous croyez être le seul immortel séduisant dans mon périmètre ?!
La tension était montée d'un cran.
- Merci pour le compliment. Si je comprends bien vous n'êtes pas décidée à me faciliter la tâche.
- Ne rêvez pas, ce n'est pas parce-que mon aïeule a fini directement dans votre lit que je ferai pareil qu'elle.
Et toc prends toi ça dans les gencives Merlin !
- Nora, vous savez, si je n'étais pas bien élevé, je vous aurais renvoyé une réplique bien cinglante mais je m'abstiendrai parce-que vous ne savez rien de ce qui s'est passé avec Elle.
Je le fixai avant de lui décocher la réplique de la mort qui tue.
- Ne craignez rien, je vais combler mes lacunes dès ce soir.
Vince marqua un temps d'arrêt.
- Vous comptez m'inviter à dîner et me faire parler sous la torture ?
- Oh non simplement lire de A à Z le journal de Nora Elizabeth que Suzie m'a remis tout à l'heure.
Ah ! Celle-là il ne l'avait pas vue venir !
-
Alors il vaut mieux que je me sauve afin d'éviter de me prendre une assiette dans la figure. Bonne lecture Nora, dit-il en pinçant les lèvres.
Le sorcier claqua des doigts et s'éclipsa comme le docteur Bombay dans ma sorcière bien-aimée. Manquait plus que le nuage de fumée !
Winston débarqua et vint se frotter contre ma cheville.
Je baissai le regard vers ma boule de poils grise qui s'étalait maintenant de tout son long sur le tapis. Je ne pus m'empêcher de penser à haute voix.
- Win tu te rends compte que j'ai peut-être loupé la partie de galipettes du siècle avec le blondinet ?!
Pour toute réponse Win me balança un bon coup de griffes sur le pied.
- Ok j'ai compris, j'ai encore manqué une occasion de me taire, grognai-je.



A suivre ...


2 commentaires:

  1. In avance dans l histoire... Mmmmm intéressant...

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  2. On en saura plus au prochain texte.... une fois que le carnet sera lu

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