lundi 10 mars 2014

Sam VS Vince (round 1)

J'étais solidement ficelée à un poteau, les mains dans le dos. Impossible de bouger. La foule criait : "Brûlez là ! A bas la sorcière ! Vermine !".
Le bourreau approcha une torche des fagots de bois amoncelés tout autour de moi. Je criais pour que quelqu'un vienne me délivrer. Les flammes commençaient à venir me lécher les pieds. La fumée envahissait peu à peu mes poumons, mes yeux piquaient. Les larmes ruisselaient sur mon visage. Au loin dans la foule, j'aperçus un ange brun aux ailes noires qui serraient les poings de colère et à ses côtés un homme blond, le visage détruit par le chagrin. Sam et Vince. Je les reconnus sans peine.
A quelques mètres du bûcher, se tenait Van Helsing, il affichait un sourire satisfait. C'était son heure de gloire, le chasseur de créatures obscures avait triomphé. La sorcière présumée rendait l'âme.
Mes dernières paroles furent "Nos destins sont liés, nous nous retrouverons tôt ou tard".
Mais à qui est-ce que je m'adressais ? Impossible de le savoir.
Les flammes montaient de plus en plus et finirent par m'engloutir complètement...

Aaaaaaahhhhhhhhhhhhhhh ! hurlai-je en me réveillant tremblante de la tête au pied.
La sueur dégoulinait sur mes tempes. J'avais encore la désagréable impression de sentir le feu de bois. Tout semblait si réel et pourtant j'étais dans mon appartement, assise sur mon lit. Je tentais de reprendre mon souffle comme si j'avais manqué d'air.
Winston sauta sur le lit pour venir quémander une caresse. Le pauvre devait se demander pourquoi j'avais poussé un cri de sauvage.
Tout à coup, j'entendis des éclats de voix en provenance de la cuisine. De deux choses l'une, soit je perdais complètement la boule, soit je n'étais pas seule dans l'appartement. Il fallait avant tout que je remette mon cerveau à l'endroit pour me souvenir pourquoi j'étais au lit en plein milieu de la journée. J'avais un mal de crâne carabiné.
Soudain me revint en mémoire l'épisode du restaurant où j'avais fini avec un vertige monumental. Le reste était très flou. Je tentai de me lever encore groggy par mon malaise et par le cauchemar que je venais de faire. Je m'aperçus en sortant des couvertures que je portais seulement un débardeur et un shorty.
Sam m'avait donc déshabillée avant de me mettre au lit ?? Rhooo celui-là, il ne loupait pas une occasion ! Il allait entendre parler du pays !
Je ne pris pas le temps d'étendre ma réflexion sur ce sujet car visiblement la dispute montait en intensité.
Inutile d'approcher à pas de loup, les deux voix étaient si fortes que personne n'avait dû m'entendre crier dans mon lit. A priori Sam et Vince étaient sans mauvais jeu de mots, sur le point de se voler dans les plumes !
- Mais enfin qu'est-ce qui t'as pris de lui dire que tu étais sur les lieux en 1680 ?! Je t'avais pourtant averti d'y aller doucement avec elle, la mémoire est une zone tellement fragile. Tu veux tout foutre en l'air à ton profit comme d'habitude ! éructa Vince.
- Dis donc espèce de sorcier à deux balles, je lui sers déjà de nounou pendant que tu fais je ne sais trop quoi avec ton chaudron magique ! Elle a posé des tas de questions à propos de Van Helsing et du bûcher. J'étais censé faire quoi ?! Mentir encore comme un arracheur de dents ?! Excuse-moi mais j'en ai marre d'avoir le mauvais rôle ! grogna Sam.
- Le mauvais rôle tu l'as endossé tout seul par tes manquements mon vieux, tu as failli à tes obligations. Tu veux que je te rafraîchisse la mémoire ??
- Ah oui ! Et si tu n'avais pas tourné autour d'Elle avec tes sortilèges à la noix en pleine période de l'Inquisition, elle ne serait pas partie en cendres ! Je t'avais pourtant mis en garde. Et puis arrête de me traiter de vieux, tu deviens insultant espèce de petit con de sorcier !
Oula mais c'est qu'ils allaient en venir aux mains, éclairs, étripage en règle dans MA cuisine ! C'était hors de question, je venais de refaire les peintures et les éclaboussures de sang sur les murs je n'en voulais pas !
Ni une, ni deux, j'ouvris en grand la porte de la cuisine, et j'eus juste le temps de me baisser pour éviter une boule de feu que Vince venait de lancer sur Sam. Pour le coup, la pluie d'étoiles s'était mue en pluie de météorites. Heureusement, ils n'avaient pas encore fichu le feu à la baraque ! Je n'osais imaginer quelles explications je devrais fournir à la compagnie d'assurance et au syndic des copropriétaires si ces deux là en venaient à faire partir l'immeuble en fumée.
- Mais ça va pas non ! Bande de dégénérés ! C'est pas fini vos conneries ! vociférai-je à mon tour.
Vince m'avait dans son champ de mire. Sam fit demi-tour et se retrouva face à moi.
Tous deux semblaient plus interloqués de me voir en petite tenue que de se faire choper en train de se battre. Bon j'avoue que ce n'était pas une tenue pour devoir séparer deux armoires à glace qui se balançaient des boules de feu dans la tronche mais, moi pauvre humaine, je faisais avec les moyens du bord !
D'un coup la tension retomba. A croire qu'ils n'avaient jamais vu une femme en sous-vêtements !
Vince se confondit en excuses.
- Vous allez bien Nora ?! s'enquit-il.
- Mmmh ... fis-je les lèvres pincées.
- Désolé pour le projectile, il ne vous était pas destiné. Cela ne se reproduira pas, je vous le promets. Nous sommes entre gens civilisés, n'est-ce pas Sam ?!
Raclement de gorge de Vince pour ramener Sam sur la terre ferme.
- Hein ?! Euh ... oui bien sûr, soupira ce dernier.
Visiblement , Sam était plus occupé à détailler le galbe de mes jambes et la taille de ma poitrine qu'à suivre le fil de la conversation.
- Est-ce que je peux savoir pourquoi vous vous battez comme des chiffonniers ? demandai-je plus calmement.
- Divergence d'opinion, répondit Vince.
- Règlement de compte, ajouta Sam.
- Oui merci, j'avais remarqué ! dis-je sèchement. A propos de quoi ?
Je croisai les bras et m'impatientai. J'avais horreur des réponses laconiques et peu précises.
- Vous ! lâchèrent-ils en choeur.
- Oh arrêtez de me prendre pour une andouille vous voulez bien ! Je ne suis pas un objet de compétition. Ce n'est pas en vous y prenant comme ça que vous allez gagner mes faveurs et encore moins mon estime. Vous jouez à me faire peur, puis à me séduire ! Et puis quoi encore ? Vous n'êtes pas fichus de vous tenir tranquilles si vous vous trouvez dans la même pièce et bien je me passerai de vous deux. Votre Van Helsing, j'en fais mon affaire. Même pas peur ! Maintenant dégagez bande de sales morveux !
Vince, la mine déconfite, alla décrocher sa veste de la patère dans le couloir. Il me lança un regard de chien battu mais n'ajouta pas un mot. Il savait que lorsque j'étais furax même sa pluie d'étoiles, il pourrait se la coller là où je pense !
Il partit en claquant la porte sans se retourner.
Sam n'avait pas bougé d'un millimètre. Il me toisait de la tête aux pieds.
- C'est valable pour vous aussi ! grognai-je en désignant la porte.
Il afficha un sourire en coin ravageur.
- Pourtant vous ne disiez pas la même chose quand je vous ai ramenée tout à l'heure.
- Et j'ai dit quoi ?
Je n'en menais pas large, je ne me rappelais absolument de rien !
-
Que je vous rends raide dingue et que vous préfèreriez que je me coupe les cheveux.
Je manquai de m'étouffer. Nan j'avais pas pu dire ça !
- Vous mentez effrontément Sam.
- Je vous garantis que non ma beauté !
- Admettons. Même si j'ai dit ça, je n'étais pas dans mon état normal alors ça ne compte pas.
- Ah bon ?! Ce n'est pas un principe en psychologie de dire que l'individu est guidé par son inconscient, et que c'est ce qu'il y a de plus révélateur chez quelqu'un ?
Pfff mais qu'est-ce qu'il m'agaçait à toujours vouloir avoir le dernier mot ...
- Ok vous marquez un point ! Vous êtes content ?
- Ravi ! ajouta-t-il.
- Mais ça ne vous donnait pas le droit de me dévêtir, m'insurgeai-je.
- Certes ... mais je recommencerai volontiers si l'occasion se présente à nouveau.
- Ne rêvez pas, je ne tombe pas dans les pommes tous les jours !
Sam se mit à ma hauteur, il avait considérablement réduit l'espace entre nous.
- Ne craignez rien. J'attendrai que vous soyez consciente et consentante la prochaine fois, ce sera encore plus ...
- Plus quoi ?
- Hot... susurra-t-il à mon oreille.
Je rougis comme une pivoine. Sam recula et me lança une oeillade à faire flancher une bonne soeur avant de disparaître.
Je me laissai glisser de toute ma hauteur le long du mur du couloir. Ce type me tuait !

A suivre ...

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